La première fonction de la bouchure est de « boucher » un pré, le fermer, de manière à interdire la fuite des animaux domestiques de la propriété. La bouchure est donc un mur végétal, une haie vive. Elle se compose de deux rangées parallèles d'arbustes ou d'arbres, le plus souvent des épineux : prunellier (épine noire) aubépine (épine blanche) et beaucoup de ronces. Il faut cependant savoir que la bouchure, si elle arrête matériellement les animaux, a en même temps sur eux un effet psychologique qui leur enlève l'envie de sortir, car la force physique des animaux leur permettrait de la franchir facilement. Elle est aussi un refuge pour diverses essences végétales et pour les petits animaux (escargots, hérissons, grenouilles, oiseaux, ...).
Les parcelles de terre étaient très petites à l'époque. Pour gagner un maximum d'espace, les gens des campagnes plantaient des arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cormiers, cerisiers) dans les bouchures.
Toujours dans cet esprit de gain de place, les hommes ont aussi utilisé les bouchures comme lieux de production de bois (lorsque le bois représentait une richesse) ; c'est ainsi que sont apparus les têteaux. Ces derniers issus d'arbres coupés à une hauteur de deux ou trois mètres font partie intégrante de la bouchure.
Il fut un temps où toutes ces valeurs ont été mises de côté, par soucis de productivité et de modernisme. Les bouchures ont été arrachées pour laisser la place à des espaces de plus en plus grands, dédiés aux cultures de céréales ou remplacées par des clôtures électriques et du fil barbelé nécessitant moins d'entretien.
Bien sûr, pour ceux qui souhaitent un ouvrage de référence sur le sujet, j'ai publié en 2013 des bouchures et des hommes, en Berry et Bourbonnais. L'auteur dresse l'inventaire des arbres, arbustes et plantes qui les composent, mais pas seulement. C'est aussi un essai concernant leur rôle dans la vie agricole. La bouchure faisait partie intégrante de la vie des gens des campagnes. Les informations citées ci-dessus sont tirées de ce livre.
